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Apiculture pour tous - Abbé Warré

Chapitre 31
Opérations apicoles

Avant d’entrer dans les détails des opérations apicoles à faire dans le courant de l’année, nous tenons à donner quelques conseils. Si on les observe, on arrivera sûrement à opérer rapidement et sans piqûre, on aura toujours des abeilles douces. Car ne l’oubliez pas, c’est de son plein gré que l’abeille donne le miel, c’est parce qu’on l’y oblige qu’elle se sert de son dard, parce qu’on lui a permis de craindre qu’on soit un ennemi : « Sponte favos, aegre spicuta. »

Auxiliaire

On peut faire seul toutes les opérations apicoles, mais il faut souvent, dans ce cas, ou déposer l’enfumoir ou ne travailler que d’une main. Il faut aussi s’arrêter pour s’occuper de l’enfumoir. Nécessairement, le travail est plus lent, et les abeilles finissent par s’énerver.

On se trouvera donc bien d’avoir un auxiliaire qui entretiendra l’enfumoir et qui pourra enfumer plus doucement, parce qu’il le fera continuellement.

Boîte à outils

L’apiculteur se fera suivre d’une boîte à outils. Il trouvera dans cette boîte tout ce dont il aura besoin dans ses opérations : rouleaux pour l’enfumoir, raclette, etc. Dans cette boîte il placera aussi, et sans danger de pillage, les débris de rayons, les racluresde cire, de miel et même de propolis. Tous ces débris, s’ils étaient laissés à la portée des abeilles, attireraient celles-ci et provoqueraient le pillage.

Supports

Quand l’apiculteur devra toucher aux hausses, il se munira aussi de supports pour y déposer les hausses. Sinon, il devrait placer les hausses sur la terre. Il y aurait danger d’écraser des abeilles, de salir aussi le dessous des hausses, ce qui nécessiterait un nettoyage.

D’où perte de temps et danger de froisser et de mécontenter les abeilles.

Voile

On peut très bien faire toutes les opérations apicoles sans voile. Toutefois, l’opérateur et son auxiliaire doivent cependant tenir un voile près d’eux pour s’en servir en cas d’accident.

L’apiculteur débutant devra toujours se servir du voile. Il aura plus de fermeté. Il s’en passera plus tard, quand il sera familiarisé avec les abeilles.

Enfumoir

Qu’on puisse faire quelques opérations sans enfumoir, c’est possible. Mais on a toujours tort d’agir ainsi. En le faisant, on mécontente toujours les abeilles : ce qu’on doit éviter.

C’est avec l’enfumoir qu’on avertit les abeilles, qu’on les calme,qu’on les dirige, qu’on leur parle en un mot.

On peut faire de la pose en ne se servant pas de l’enfumoir, on n’en commet pas moins une maladresse.

La pipe, le cigare ou la cigarette peuvent souvent remplacer l’enfumoir.

La fumée avertit les abeilles qu’il va se passer quelque chose. Par prudence, elles se gorgent de miel. Assurées d’avoir des provisions à leur disposition, elles sont moins agressives. Peut-être aussi que ces provisions intérieures les empêchent de se plier aussi facilement pour enfoncer leur dard.

Silence

L’opérateur causera le moins possible pendant ses opérations. De cette façon, toute son attention sera à son travail, il opérera plus vite et il se rappellera mieux les constatations qu’il a faites quand il s’agira d’en prendre note.

Douceur et rapidité

L’apiculteur doit s’appliquer à être doux, auprès de ses abeilles, doux dans la manœuvre de l’enfumoir et des hausses, doux dans ses paroles et ses mouvements.

À la douceur de l’apiculteur les abeilles répondront par la douceur. L’apiculteur, toutefois, devra tendre à devenir expéditif, mais sans cesser d’être doux et sans devenir brusque ni violent, car les opérations longues énervent les abeilles et certaines refroidissent le couvain.

Propolis

La propolis empêche souvent l’apiculteur d’être doux et expéditif. La propolis de l’intérieur des hausses ne peut gêner dans les opérations puisque nous ne touchons presque jamais à l’intérieur. Il n’en est pas de même de la propolis qui se trouve entre les hausses, sur l’épaisseur des parois et sur la traverse supérieure des rayons.

Aussi chaque fois que nous découvrirons une hausse, nous devrons passer une raclette sur l’épaisseur des parois et sur les porte-rayons. Nous jetterons cette propolis dans un compartiment de la boîte à outils, pour éviter jusqu’au plus petit danger de pillage.

Notre raclette convient particulièrement pour ce travail.

Pillage

Quand on laisse tomber un morceau de rayon ou simplement un peu de propolis, les abeilles voisines viennent y chercher le peu de miel qui s’y trouve. Les abeilles de la ruche opérée défendent leur bien, d’où combat. Les abeilles essaient d’entrer dans les ruches voisines pour continuer à ramasser du miel. Le combat s’accroît. Et dans l’ardeur du combat tout devient un ennemi : les abeilles, les opérateurs, les passants, même les animaux les plus paisibles.

Colonies intraitables

Par suite d’accident, de jets de pierres par des enfants, etc., on peuttrouver des colonies irritées et d’un abord difficile. Voici deux moyens de les calmer. Ils ont toujours réussi, paraît-il :

Premier moyen

Découvrez la ruche. Avec un pulvérisateur et de l’eau propre, douchez légèrement la colonie. Cette pluie fine fera coller les ailes au corps de l’abeille et neutralisera ses mouvements. Recouvrez la ruche et un quart d’heure après vous pourrez opérer normalement. Toutefois n’employez ce procédé que par une température de 20 à 25 .

Deuxième moyen

Une heure avant la visite, transportez à quelque distance la colonie irritée. À sa place mettez une ruche vide. Cette ruche recueillera les vieilles abeilles, les plus acariâtres. Visitez votre ruche, puis remettez-la à sa place après avoir éloigné la ruche qui a recueilli les vieilles abeilles. Celles-ci retourneront dans leur ruche.

Je n’ai jamais eu à employer ces méthodes, sans doute parce qu’avec la Ruche Populaire il n’y a jamais lieu de faire de grandes visites à l’intérieur de la ruche.

Piqûres

Si par hasard on est piqué par une abeille, il est conseillé d’avoir recours à la succion du venin, à une solution ammoniacale, à l’eau de Javel, au frottement avec une feuille de poireau ou de persil.

Premier acte

Dans toute opération apicole, le premier acte doit être d’envoyer deux ou trois bouffées de fumée dans la ruche par l’entrée.

Deuxième acte

Dans toute opération apicole, le deuxième acte doit être d’attendre que les abeilles soient en bruissement, avant d’ouvrir la ruche.

 


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