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Apiculture pour tous - Abbé Warré

Chapitre 64
L’apiculture en hiver

Nettoyage des hausses

Après avoir retiré les hausses données aux abeilles pour les sécher, on s’empressera de les nettoyer, d’en enlever la propolis et la cire qui y adhèrent.

Nous préférons enlever tous les rayons et ne laisser qu’un demi-centimètre qui servira d’amorce.

On peut toutefois conserver les rayons bien réguliers, bien blancs.

En tout cas, ces travaux doivent être faits au plus tôt, parce qu’il importe de fondre la cire le plus tôt possible et parce qu’en hiver on ne peut toucher aux rayons sans les briser.

On brûlera une mèche soufrée sous les rayons à conserver pour les préserver de la fausse teigne.

Conservation des hausses

Les hausses sont rangées à l’abri de l’humidité et des rongeurs. Les rongeurs sont très friands de la cire et même du bois sur lequel adhère un peu de cire ou de propolis.

Révision du matériel

En hiver, l’apiculteur pourra réparer le vieux matériel qui n’est pas occupé par les abeilles et construira du matériel neuf ou fera ses commandes, pour être servi à temps.

Heures de loisirs

Le mauvais temps et les longues soirées donnent du loisir. L’apiculteur en profitera pour relire les traités d’apiculture et les revues apicoles. Une nouvelle lecture lui fera comprendre ce qu’il n’a pas compris précédemment, apprécier ce qu’il avait d’abord jugé inutile.

L’apiculteur profitera aussi de ses loisirs pour noter ses difficultés et ses observations et les communiquer au directeur de sa revue apicole. Si chacun agissait ainsi, le progrès en apiculture serait plus rapide.

Mutation des ruches

Quand on a besoin de changer les ruches de place, on peut le faire en hiver, après une réclusion de 10 à 15 jours, sans autre précaution que de ne pas donner de secousses aux ruches.

Je n’aime pas ces mutations en hiver. La moindre secousse peut détacher des abeilles et même la reine, et les mettre en danger de mort. Je préfère ces mutations dans la bonne saison, à partir de mars, et en procédant comme il suit :

S’il s’agit d’un déplacement de 3 kilomètres au moins, on s’occupera avant tout de l’aération de la ruche, car il arrive souvent que les abeilles meurent étouffées pendant le voyage. Pour permettre l’aération de la ruche, on la recouvrira d’une toile métallique, sans rien autre pendant le voyage. On fermera l’entrée de la ruche le soir avec une toile métallique et on transportera la ruche le plus rapidement possible, en ayant soin de placer les rayonsdans le sens de la marche et d’éviter les secousses, pour ne pas briser les rayons.

S’il s’agit d’une distance minime on procédera ainsi :

Le premier jour, au soir, mettre toutes les ruches en désordre, en les tournant de façons différentes, sans les éloigner de leur emplacement ; le deuxième jour, au soir, modifier le désordre et avancer toutes les ruches d’un mètre vers l’emplacement qui leur est destiné ; le troisième jour, au soir, modifier encore le désordre et avancer toutes les ruches de 3 mètres, et ainsi de suite, en opérant toujours le soir, en modifiant toujours le désordre et en triplant chaque jour l’avance.

Bien entendu, il faut toujours éviter les secousses.

En été, pour déplacer une ruche à moins de 3 kilomètres, on conseille de descendre la ruche dans une cave obscure pendant trois jours, avant de la mettre à sa place définitive.

Paix aux abeilles

En hiver, on évitera de donner le moindre choc aux ruches, même pour les mutations qui seront faites de préférence en mars ou avril ; même pour les réparations qu’on devra faire avant ou après l’hiver. Tout choc donné à la ruche met les abeilles en bruissement et leur fait consommer du miel.

En hiver, on évitera aussi d’ouvrir la ruche pour quoi que ce soit. L’ouverture de la ruche provoque un refroidissement et aussi une consommation de miel que les abeilles transforment cette fois en chaleur.

Or, ces deux consommations de miel sont une perte pour l’apiculteur ; elles constituent surtout pour l’abeille un surmenagenuisible. Les générations d’abeilles, en été, travaillent vingt-quatre heures chaque jour quand les circonstances le permettent.

La génération d’hiver doit réparer ce surmenage des générations précédentes par un repos complet, afin d’empêcher la dégénérescence de la race. Respectons les lois de la nature. Vidit... quod esse ! bonum (Gen.). Et paix aux abeilles, en hiver.

 


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